Prix jacques-brossard
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Prix Jacques-Brossard 2020
Gauthier Eric.jpgLauréat
Éric Gauthier pour Le Saint Patron
des plans foireux
(roman) et
Le Livre de trop (nouvelle)

 

 

Photo : Jean-François Dupuis
 
 
 
Finalistes
Katia Gagnon pour Rang de la Croix (roman)
Larry Tremblay pour Le Deuxième mari (roman)

Membres du jury
Raphaëlle B. Adam
Dave Côté
Olivier Godin
Isabelle Lacroix
Anne Legault

Bourse : 3 000 $

Le récit cherche et trouve le fantastique là où on l'attend, sans trop surprendre, et pourtant, la redondance des lieux communs est supportée par un rythme, une force narrative, un humour ancré dans une certaine québécitude, et tout donne à l'ensemble un élan jouissif, et créé une orchestration qui repose sur une fidélité très codée et qui gagne en originalité par son souci malin à fouiller le détail. C'est donc d'une orchestration que j'ai envie de dire savante ou du moins étudiée, que découle la grande variété de clichés qu'on prend véritablement plaisir à rencontrer. Sorte de plaisir coupable, pleine d'énergie et d'amour pour le genre, pour la vie, pour les écorchés et pour l'étrange. (Texte d'Olivier Godin, membre du jury)

 

Québec, 11 juin 2020. Un jury de pairs a choisi Éric Gauthier comme lauréat du prix Jacques-Brossard 2020 pour sa production de l'année précédente dans les genres de l'imaginaire, laquelle comprend un roman fantastique, Le Saint Patron des plans foireux (Éditions Alire) et une nouvelle de science-fiction,  « Le Livre de trop », paru dans le collectif À l'est de l'apocalypse (Les Six Brumes).

Né en 1975, Éric Gauthier se consacre à l'écriture et exerce le métier de conteur depuis vingt ans. C'est la troisième fois qu'il remporte le prix Jacques-Brossard depuis ses débuts comme écrivain. Le jury a souligné l'ingéniosité de son intrigue, la truculence de ses personnages, les pointes d'humour qui pimentent son récit et l'originalité de l'histoire qui constitue la trame de son roman. Le Saint Patron des plans foireux met en scène une galerie de personnages qui gravitent autour de Sigouin, un petit malfrat sympathique qui vit de combines et de magouilles tout en évitant de frayer avec le crime organisé.

Fâché contre son frère et ne désirant plus faire équipe avec lui, Sigouin accepte un contrat risqué : importer illégalement d'Europe une relique sainte pour un client qui a des choses à se faire pardonner. Le squelette de saint Deodatus arrive à bon port à Montréal mais un quatuor de catholiques illuminés qui a eu vent de l'affaire enlève le saint et désire l'utiliser pour faire le bien. Lors d'un rituel auquel est soumise la dépouille, celle-ci s'anime et déclenche une suite d'événements qui échappent complètement au contrôle de Sigouin et des kidnappeurs.

La réussite de l'écrivain repose sur cette facilité qu'il a de laisser couler sa verve narrative sans tomber dans la caricature. Sous l'apparente légèreté de l'écriture, Éric Gauthier aborde des sujets qui portent à réflexion comme l'état du monde, le besoin de croire en quelque chose, la relation entre frères, la morale à géométrie variable. Il faut montre d'une empathie pour ces petites gens qui essaient de trouver une façon de survivre dans un monde qui s'en va à la dérive, où la violence et les inégalités sociales sont le lot quotidien. Cette faune colorée, ancrée dans les quartiers pauvres de Montréal, évoque le cinéma d'André Forcier et l'univers romanesque d'Yves Beauchemin.