Prix jacques-brossard
Règlements
Lauréats par année
Biographie des lauréats
Index
Lauréats - Années 2010-2019

2010

martine_desjardins_2.jpg
Lauréate
Martine Desjardins
pour Maleficium (roman) 

 

Finalistes
Joël Champetier pour Le Mystère des Sylvaneaux (roman)
Yves Meynard pour L’Enfant des mondes assoupis (recueil de nouvelles)

Membres du jury
Steve Laflamme
Isabelle Hayeur
Ariane Gélinas
François Lévesque
Michèle Mathieu

Bourse : 2 500 $

Québec, 15 mai 2010. Martine Desjardins, auteure de Maleficium (Éditions Alto), est la lauréate du prix Jacques-Brossard de la science-fiction et du fantastique qui récompense la meilleure production de l'année 2009. Le prix, assorti d'une bourse de 2 500 $, lui a été remis aujourd'hui, à l'occasion du congrès Boréal qui a lieu cette année à Québec. 

Maleficium est un roman qui se nourrit de l'exacerbation de l'inquiétante étrangeté propre au fantastique en utilisant un vocabulaire très riche et recherché. Martine Desjardins y déploie une érudition étourdissante en matière de culture matérielle et de négoce qui force l'admiration. Elle crée un climat de mystère autour d'une femme fatale dont on peut admirer les différentes incarnations au fil de sept chapitres narrés par autant de personnages masculins. Le huitième récit, qui présente la version de la séductrice affligée d'une affreuse cicatrice à la lèvre supérieure, vient clore admirablement une histoire de vengeance.

Martine Desjardins possède, outre un style d'un raffinement exquis, une maîtrise de la narration qui s'appuie sur la connaissance des mécanismes du conte oriental, telle une Shéhérazade des temps modernes. Elle mise sur la fascination de l'exotisme que recèlent les contrées lointaines tant en ancrant le point de départ et d'arrivée du roman dans le Montréal du début du XXe siècle. La construction romanesque tire aussi parti d'une convention narrative héritée de la grande tradition des textes apocryphes ou maudits qui favorise l'émergence du fantastique. Les sept premiers chapitres constituent autant de visites d'un cabinet de curiosités et d'explorations de perversions qui laissent le lecteur pantois devant tant de trouvailles et d'imagination.

Martine Desjardins a fait ses débuts en littérature en 1997 avec la publication d'un premier roman, Le Cercle de Clara. Détentrice d'une maîtrise en littérature comparée de l'Université de Montréal, titulaire de la chronique Livres au magazine L'actualité depuis 2007, elle a remporté le prix Ringuet en 2006 pour L'Évocation. Maleficium est son quatrième roman.

Les cinq membres du jury, partageant une passion commune, la bonne littérature, ont évalué la production de près de 70 auteurs – romanciers et nouvellistes – ayant publié au moins un texte inédit en 2009.

 

 2011

cote_heloise_photo10.jpgLauréate
Héloïse Côté
pour La Tueuse de dragons (roman)

 

 

 

Finalistes
Claude Bolduc pour Entre les bras des amants réunis (recueil de nouvelles)
David Dorais pour Le Cabinet des curiosités (recueil de nouvelles)
Mention spéciale à Sylvain Houde pour Comment appeler et chasser l’orignal (roman)

Membres du jury
Alain Ducharme
Martine Desjardins
Valérie Bédard
Pierre Labrie
Simon Laperrière

Bourse : 2 500 $

Montréal, 14 mai 2011. Le prix Jacques-Brossard 2011 a été décerné à Héloïse Côté pour son roman de fantasy La Tueuse de dragons (Éditions Alire). Le prix, accompagné d'une bourse de 2 500 $, lui a été remis dans le cadre du congrès Boréal.

Le jury a apprécié le souffle et l'énergie que déploie Héloïse Côté tout au long d'un récit haletant qui, pourtant, recèle des moments d'introspection et de réflexion. Il a aussi reconnu la rigueur de son projet et son habileté à créer des personnages crédibles et touchants.

Selon le jury, l'auteure démontre dans ce cinquième roman qu'elle possède la pleine maîtrise de son art. Pratiquant les codes et les règles depuis assez longtemps pour pouvoir les transgresser avec élégance, elle crée un monde, l'Austrion, cohérent et complexe, saisissant de réalisme malgré la présence des dragons et d'autres créatures.

Héloïse Côté, qui a fait ses débuts en littérature en 2004 avec le premier tome de la trilogie  Les Chroniques de l'Hudres, remporte le prix Jacques-Brossard pour la première fois. Celui-ci est remis à l'auteur de la meilleure production annuelle pour adultes dans les littératures de l'imaginaire. En 2010, l'ensemble de la production admissible au prix provenait d'une cinquantaine d'auteurs parmi lesquels trois finalistes – Claude Bolduc et David Dorais, outre la lauréate – ont été retenus.

 

2012

ric_gauthier.jpgLauréat
Éric Gauthier
pour Montréel (roman)

 

 

 

 
Finalistes
Mylène Benoit pour Les Jours qui penchent (roman)
Sylvie Bérard pour La Saga d'Illyge (roman)
Mention spéciale à Marisol Drouin pour Quai 31 (roman)

Membres du jury
Héloïse Côté
Jocelyn Duplain
Carmélie Jacob
Éric Bilodeau
Jocelyn Bérubé

Bourse : 3 000 $

Non loin de Québec, il existe une ville où fantômes et humains se côtoient, où magie et architecture ne font qu'un, où mages et concierges sont amis, où des quartiers entiers peuvent disparaître en l'espace de quelques secondes, tandis que l'existence d'une maquette, elle, tient les lecteurs en haleine pendant des centaines de pages... Cette oeuvre, née de l'imagination débridée d'Éric Gauthier, conteur ensorcelant et ingénieur minutieux et patient à qui la réalité fournit sa matière première, cette oeuvre, donc, à la fois familière et si dépaysante, ancrée douze fois plutôt qu'une au coeur des paradoxes, c'est « MON réel »... et peut-être qu'elle sera bientôt le vôtre. (Texte de présentation d'Héloïse Côté)

Québec, le 5 mai 2012. Le prix Jacques-Brossard 2012 a été décerné à l'écrivain Éric Gauthier pour son roman Montréel (Éditions Alire). L'auteur de la meilleure production annuelle pour adultes dans les littératures de l'imaginaire a reçu la bourse de 3000 $ qui accompagne le prix dans le cadre du congrès Boréal.

Dans Montréel, Éric Gauthier imagine un Montréal fabuleux où des technologies architecturales inédites servent à préserver la ville des perturbations magiques. Jusqu'à ce qu'un pâté de maisons disparaisse avec ses édifices, ses rues et ses habitants. Divers personnages plus ou moins étranges, fantômes, concierges, mages et spectres, vont se croiser dans leur quête pour trouver la clef de l'énigme et mettre en échec une sombre menace qui pèse sur l'avenir de Montréel.

Le jury du prix Jacques-Brossard a remarqué dans le récit d'Éric Gauthier d'exceptionnels talents de conteur, une grande maîtrise de son art et une imagination très fertile, le tout mis au service d'une construction romanesque rigoureuse, complexe, mais si habile qu'elle passe inaperçue aux yeux du lecteur inattentif.

Le travail du jury a consisté à lire près de 11 500 pages de texte pour départager les 57 auteurs en lice. Les textes soumis pour appréciation devaient appartenir à l'un ou l'autre des genres classés dans les littératures de l'imaginaire et avoir été publiés pour la première fois en 2011.

2013

ariane_gelinas.jpg
Lauréate
Ariane Gélinas
pour Transtaïga (roman), L'Anse-aux-Louves,
Quand les pierres rêvent et L'Envers du labyrinthe
(nouvelles)

 

Photo : Frédérick Durand

Finalistes
Caroline Allard pour Universel Coiffure (roman)
Luc Dagenais pour Les Dieux pure laine, China-Man versus le Troglodyte du Réso et 514 YIH-OOPI (nouvelles)

Membres du jury
Caroline-Isabelle Caron
Éric Gauthier
Martin Hébert
Lisa Fiset
Jean-Louis Trudel

Bourse : 3 000 $

Avec Transtaïga, Ariane Gélinas met en scène une région méconnue, le Nord québécois, où la forêt cède la place aux lichens et où les esprits ne sont jamais bien loin. En 2012, Ariane Gélinas s'est imposée comme une voix forte de la littérature fantastique au Québec, inspirée à la fois par la grande tradition fantastique du XIXe siècle et les rites amérindiens trop souvent ignorés dans notre littérature. Dans ce premier tome de la trilogie Les Villages assoupis, elle fait preuve d'une grande cohérence d'imaginaire et de style. Elle manie avec brio les mystères de sa protagoniste, de l'aïeule de celle-ci et du village abandonné de Combourg. On en aurait voulu davantage. La voix unique d'Ariane Gélinas s'est fait aussi entendre dans trois nouvelles en 2012, « L'Anse-aux-louves », « L'Envers du labyrinthe » et « Quand les pierres rêvent ». Cette dernière a particulièrement charmé le jury pour ses concepts émouvants, sa construction habile et son style achevé. (Texte de présentation de Caroline-Isabelle Caron)

Montréal, 4 mai 2013. Ariane Gélinas a reçu aujourd'hui le prix Jacques-Brossard doté d'une bourse de 3 000 $. Ce prix, qui célèbre cette année son trentième anniversaire, est remis annuellement à l'auteur dont la production, dans les littératures de l'imaginaire, a été jugée la plus remarquable par un jury de cinq personnes. 

Née en 1984, Ariane Gélinas a publié sa première nouvelle en 2004. Détentrice d'une maîtrise en création littéraire de l'Université du Québec à Trois-Rivières et doctorante, elle s'est imposée depuis quelques années comme l'une des jeunes voix les plus originales de la littérature fantastique au Québec.

La pièce majeure de sa production en 2012, Transtaïga, explore une thématique particulièrement riche et vierge, les cités ou villages fantômes. L'écrivaine se livre à une habile transposition de l'enjeu qui se situe au cœur de l'œuvre fantastique, soit cette faculté de percevoir la réalité au-delà des apparences, en l'inscrivant dans une partie du territoire québécois peu présente dans notre imaginaire. Grandement subjective, la lecture du réel effectuée par la narratrice, Anissa Miller, oblige le lecteur à remettre en question ses certitudes sur l'authenticité et la validité de la mission de l'héroïne.

En campant son récit dans le Nord québécois, une région évoquée notamment par le nom des grands barrages hydroélectriques, Ariane Gélinas quitte sa zone de confort littéraire pour se réapproprier un territoire sauvage, encore mystérieux et propice aux manifestations des forces païennes. La farouche détermination d'Anissa rappelle la sourde révolte de sœur Julie de la Trinité, personnage pivot des Enfants du sabbat de la grande Anne Hébert.


2014

p1100736a.jpg

Lauréat
Philippe Arseneault
pour Zora, un conte cruel (roman)





Finalistes
Mathieu Blais et Joël Casséus pour L'Esprit du temps (roman)
Alain Farah pour Pourquoi Bologne (roman)
Mention spéciale à Daniel Sylvestre pour Le Compteur intelligent
(roman graphique)

Membres du jury
Jeremy Peter Allen
Karoline Georges
Ève Rioux
Marc Gaudreault
Richard Tremblay

Bourse : 3 000 $

Zora a impressionné le jury par ses étonnants contrastes. Le sous-titre, un conte cruel, nous y prépare déjà. Le lecteur est plongé dans un monde empreint de magie et de merveilleux, mais c'est aussi un monde traversé d'une très grande cruauté, où les enfants comme la petite Zora se font broyer par la malveillance des adultes. Cette histoire aux accents rabelaisiens est crue, obscène, même scatologique par moments. Malgré tout, il s'en dégage des moments de grande beauté et une puissante affirmation de la vie.

Le jury tient à souligner la qualité exceptionnelle de l'écriture. Le vocabulaire est riche et truculent. L'auteur exploite l'hyperbole avec finesse. L'humour noir, bien maîtrisé, offre au lecteur une soupape nécessaire pour évacuer à petites doses l'horreur ressentie devant tant d'atrocités.  À l'intérieur même de l'histoire, l'habile manipulation de la langue va jusqu'à devenir une arme alors qu'on assiste, dans un des passages les plus remarquables, à un duel de bardes qui rivalisent à coups de récitations poétiques de plus en plus grossières et dégradantes.

Par définition, un conte est un récit court. Zora déborde de ce cadre, se transformant en un récit épique qui suit le parcours des nombreux personnages durant des décennies. L'auteur a le souffle nécessaire pour faire passer l'histoire du conte à la légende. L'adéquation entre la forme et le fond est parfaite. Malgré tous les passages scabreux, rien ne paraît gratuit. Les éléments fantastiques s'intègrent de façon tout à fait cohérente dans l'univers proposé. Un des membres du jury a bien résumé en disant : « C'est gore et sophistiqué à la fois. » (Texte de présentation de Jeremy Peter Allen)

Québec, 3 mai 2014. C'est Phlippe Arseneault, pour son roman fantastique, Zora, un conte cruel (VLB éditeur), qui a remporté le prix Jacques-Brossard 2014, doté d'une bourse de 3 000 $. Le prix, qui récompense chaque année l'auteur de la plus remarquable production dans les littératures de l'imaginaire, lui a été remis dans le cadre du congrès Boréal. Le jury a choisi le lauréat parmi 56 auteurs en lice.

La richesse de l'écriture, l'imagination et le souffle que l'auteur déploie tout au long des quelque 500 pages du livre ont impressionné les membres du jury. Ces qualités, combinées à un humour noir totalement maîtrisé, atténuent l'horreur de l'histoire de Zora, la fille d'un aubergiste qui sert de la triperie à ses clients, dans le décor moyenâgeux d'une antique Finlande imaginaire. Une galerie de personnages barbares ou grotesques, ou les deux, habite ce monde déliquescent et déjanté où l'héroïne accomplira son destin. Truculent, voire rabelaisien, cru, voire scatologique, ce conte cruel réussit, aux yeux du jury, l'adéquation parfaite entre le fond et la forme. Dans son ambition de tout envisager, de tout intégrer, le plus sordide comme le reste, le récit prend une dimension quasi mythique et se donne comme une célébration de la vie.


2015

vic_verdier.jpg

Lauréat
Vic Verdier
pour L'Empire bleu sang (roman)

 


Photo : Caroline Beaulieu

Finalistes
Biz pour Mort-Terrain (roman)
Élisabeth Vonarburg pour Hôtel Olympia (roman) et Les Mystères du futur (nouvelle)

Membres du jury
Esther Rochon
Marie Claude Gagnon
Marianne Cayer
Mathieu Villeneuve
Pierre-Alexandre Bonin

Bourse : 3 000 $

Montréal, 8 mai 2015. Vic Verdier a reçu le prix Jacques-Brossard pour son roman L'Empire bleu sang (Joey Cornu Éditeur). Un jury de cinq membres a sélectionné le lauréat parmi les 70 auteurs en lice. Il  mérite ainsi la bourse de 3000 $ rattachée au prix.

L'action de L'Empire bleu sang se déroule dans la ville de Québec qui domine le monde grâce à la découverte de riches filons de diamants sous le bien nommé Cap Diamant vers la fin du 17e siècle. L'exploitation éclairée de cette richesse par le clergé a fait du bourg colonial la plus puissante cité-État au monde. En 1887, les autorités religieuses, avec la complicité des créatures hybrides du professeur Raumeo, éliminèrent la secte des Crucifiés. Cent ans plus tard, la société de Québec glisse inexorablement vers une organisation basée sur l'hybridation génétique.

Les jurés ont particulièrement apprécié l'audacieux mélange des sous-genres « uchronie », dans la réécriture de l'histoire de Québec et du Québec, et « steampunk », surtout dans ses emprunts à H.G. Wells. Ils ont aussi noté la construction astucieuse du récit qui forme un casse-tête choral à recomposer par le lecteur. Enfin, ils se sont dit impressionnés par l'écriture puissante de l'auteur, en prise directe sur la réalité malgré son ampleur historique.


2016

Jonathan_Brassard.jpg

 Lauréat
Jonathan Brassard
pour Celui qui reste (roman)

 

 

 

Finalistes
Philippe-Aubert Côté pour Le Jeu du démiurge (roman)
Bruno Massé pour M9A. Il ne reste plus que les monstres (roman)

Membres du jury
Maude Michaud
Simon-Pierre Pouliot
Gillian Benson
Viviane Rochon
Luc Dagenais

Bourse :  3 000 $

Près de Rimouski, deux hommes sont morts, tombés d'un pont en plein hiver. S'agit-il d'un simple accident tragique, ou est-ce l'aboutissement inéluctable d'un conflit de valeurs plus sinistre ? Peu après, la rumeur incrimine et condamne l'un des hommes qui se voit accusé d'un meurtre-suicide.

Une vingtaine d'années plus tard, deux jeunes hommes originaires de Rimouski se rencontrent à Montréal et évoquent ces événements étranges et perturbants qui se sont produits à Saint-Sieur autrefois. Des gens du village ont été victimes d'une métamorphose à la fois choquante, effrayante et déshumanisante. Persuadé qu'il y a une enquête importante à poursuivre, le narrateur se rend au village pour confronter les témoins, écouter, et éventuellement devenir le porte-parole d'un de ces êtres métamorphosés en oiseau, Celui qui reste. (Texte de présentation de Gillian Benson)

Québec, 8 juin 2016. Jonathan Brassard remporte le prix Jacques-Brossard de la science-fiction et du fantastique 2016 avec le roman intitulé Celui qui reste

Un jury de cinq membres a choisi le lauréat parmi les 62 auteurs en lice. La compétition très relevée réunissait en effet des écrivains chevronnés, rompus aux littératures de l'imaginaire, des débutants dans le genre et d'anciens gagnants du Jacques-Brossard ou d'autres prix littéraires. 

Dans Celui qui reste, un écrivain mène une enquête, vingt-cinq ans après les faits, sur ce que les médias de l'époque ont interprété comme un double suicide. Ou comme un meurtre suivi d'un suicide. Deux hommes de Saint-Sieur-des-Quatre-Cascades, un petit village de l'arrière-pays rimouskois, ont enjambé le pont de la rivière Rimouski pour aller s'écraser quarante mètres plus bas. Mais il y a toujours plus derrière la réalité que ce qu'en rapportent les actualités. Le narrateur, originaire de la région mais désormais expatrié à Montréal, revient sur les lieux pour découvrir les secrets que les villageois ont occultés.

Paru aux éditions Tête première, le récit universel et profondément humain de Jonathan Brassard plonge ses racines loin dans le terroir tout en explorant de façon novatrice le thème de la confrontation entre l'être humain et l'Autre, mystérieux donc monstrueux. Avec son fantastique ancré dans le réel, cette fable philosophique, qui développe magnifiquement la relation père-fils, aborde des préoccupations contemporaines comme l'intimidation, la différence et l'altérité qu'elle superpose à d'autres, plus classiques, comme la filiation, l'héritage, la vengeance et l'omerta dans les communautés fermées. Le jury a été impressionné par l'habile structure du roman où s'instaure un dialogue entre la ville et le village, par les dialogues dynamiques et naturels ainsi que par la narration fluide qui saisit le lecteur et l'empêche de déposer le livre avant d'en avoir tourné la dernière page.

 

2017

M_Desjardins.jpgLauréate
Martine Desjardins
pour La Chambre verte (roman)

 

 

 
Finalistes
Dave Côté pour Angle mort et Je ne voterai pas (nouvelles)
Renaud Jean pour Rénovation (roman)

Membres du jury
Geneviève Blouin
Jonathan Brassard
Éric Falardeau
Mathieu Lauzon-Dicso
Philippe Robillard

Bourse : 3 000 $

Saint-Denis, 5 mai 2017 - Au terme de leurs délibérations, les cinq membres du jury ont décerné le prix Jacques-Brossard 2017 à Martine Desjardins pour son roman La Chambre verte publié chez Alto. S'étant distinguée parmi les 56 auteurs en lice, l'auteure a reçu le prix à la Maison de la littérature, à Québec, dans le cadre des cérémonies d'ouverture du congrès Boréal.

Lorsqu'elle donne la parole à une maison plutôt qu'à ses habitants, Martine Desjardins pratique une version personnelle du fantastique. D'un immeuble, elle fait un personnage qui agit. Habitée par une famille, les Delorme, que l'obsession de l'argent pousse aux pires extrémités, la maison devient l'agent d'une justice immanente. Son propriétaire l'a érigée à l'image d'une banque : elle repose sur les restes d'un caveau à légumes transformé en chambre forte puis en un sanctuaire consacré au culte du dollar. En véritable fable moderne, La Chambre verte propose une morale : on se prive de l'essentiel et on contribue à sa propre perte à vouloir trop économiser, à pratiquer une trop stricte austérité, une si mince ligne séparant homo economicus de hobo economicus. En corollaire : l'amour de l'argent est une maladie dont on ne peut guérir, une faute que nulle rédemption ne peut effacer. Difficile, en somme, à la lecture du roman, de faire abstraction du monde actuel où les « décideurs » érigent en foi ultime les valeurs de l'économie hors desquelles il n'est point de salut.

Les jurés ont été touchés par la virtuosité de l'auteure. C'est avec un art consommé en effet qu'elle exploite le thème à fond sans jamais se répéter. Elle sait solliciter le lecteur sans le bousculer, le déstabiliser sans le dérouter. L'élégance de son écriture produit une narration fluide et sans heurt. Même quand le propos ou la description des personnages sont empreints d'une ironie mordante, Martine Desjardins fait montre d'une grande sensibilité dans l'analyse des sentiments et des émotions, son vocabulaire riche et précis apportant toutes les nuances nécessaires à leur expression.

Avec ce cinquième roman, l'auteure remporte le prix Jacques-Brossard pour une deuxième fois : Maleficium lui avait valu le même honneur en 2010. 

 

2018

KGeorges.jpg

Lauréate
Karoline Georges
pour De synthèse (roman)

 

 

 

 
Finalistes

Philippe Meilleur pour Maître Glockenspiel (roman)
Pascal Raud pour Le Caméléon et Cimetière (nouvelles)

Membres du jury
Roger Cantin
Caroline-Isabelle Caron
Martine Desjardins
Lisa Fiset
Philippe St-Germain

Bourse : 3 000 $

Artiste et écrivaine accomplie, Karoline Georges poursuit avec De synthèse une œuvre multidisciplinaire ambitieuse (elle a d'ailleurs créé elle-même l'illustration de la page couverture, qui offre une voie d'accès idéale au livre). Le roman interroge l'humain, le corps, la maladie, l'image et la virtualité, entre autres choses. On aurait pu penser que la littérature limiterait à certains égards une démarche traversée par les images, mais ce n'est pas du tout le cas (ni dans ses livres précédents, du reste) : l'écriture rythmée et limpide offre un véhicule de choix à la quête d'immortalité de la narratrice, qui a interpellé le jury (tout comme le rapport à la mère, complexe dans le meilleur sens du terme ; dans ses douleurs et ses vies, la mère est une création littéraire de premier ordre). Fidèle à son titre, le roman opère un grand nombre de synthèses : entre réel et virtuel, passé et futur, vie et mort, composition et décomposition, humain et non humain, entre L'Origine des espèces de Darwin et la sonde spatiale Voyager 1, et on oserait presque dire entre roman et essai, tant De synthèse propose une réflexion philosophique riche. Je parlais de Voyager 1 : c'est ce voyage auquel nous convie l'auteure, personnel, imaginatif et ancré dans son époque, qui en fait un livre incontournable. (Texte de présentation de Philippe St-Germain)

Saint-Denis, 4 mai 2018 - Au terme de ses délibérations, un jury de cinq membres a attribué le prix Jacques-Brossard 2018 à Karoline Georges, auteure du roman De synthèse publié par Alto. Le prix qui récompense chaque année l'auteur de la plus remarquable production dans les littératures de l'imaginaire lui a été remis lors de l'ouverture du congrès Boréal.

De synthèse donne la parole à une femme qui a investi toute sa personnalité dans l'image. Retirée du monde réel et de ses semblables, coupée de tout contact humain direct, la narratrice ne vit plus désormais que dans un univers virtuel où elle se réinvente et se redéfinit sans cesse. L'agonie puis la mort de ses parents vont cependant la rappeler brutalement à la réalité des corps et des relations authentiques. Situé dans un avenir proche, le récit spécule sur la transformation de l'humain par la virtualisation de l'existence, telle qu'engendrée par les jeux électroniques, les médias sociaux et l'idolâtrie de l'image.

Le jury a remarqué les qualités d'écriture de Karoline Georges, la précision et la clarté de son style, limpide, presque léger malgré la profondeur du propos, la délicatesse et la sensibilité dans l'expression des émotions les plus vives. Abordant des thèmes comme la filiation, la valeur de la vie, la mort et l'immortalité, l'auteure invite à la réflexion. Elle évite les clichés, actualise et renouvelle le genre en lui redonnant des racines dans l'expérience et l'actualité.

Le jury, qui était composé de cinq membres, a évalué les textes de 61 candidats en lice pour l'obtention du prix Jacques-Brossard 2018.


 
2019

Dave_Cote.jpg Lauréat
Dave Côté pour Nés comme ça
(recueil de nouvelles), Ma station de métro
et Dans un bol (nouvelles)

 

 

 

 

 
Finalistes
Luc Dagenais pour La Déferlante des Mères (nouvelle)
Élisabeth Vonarburg pour la trilogie Les Pierres et les roses

Membres du jury
Karoline Georges
Véronique Drouin
Isabelle Lauzon
Érik Gosselin
Jacques Lemieux

Bourse : 3 000 $

Il est toujours fascinant d'entrer dans les univers singuliers créés par Dave Côté. Des mondes où l'absurdité n'empêche pas la logique et où la psychologie des personnages est bâtie avec finesse malgré leurs étranges anomalies. Nous naviguons avec plaisir à travers son imagination débridée dont la destination finale demeure toujours surprenante. Enfin, nous ne pouvons que consentir à ce que dit le milieu, son style est unique ; « il n'y a que Dave Côté qui fasse du Dave Côte »… (Texte de présentation de Véronique Drouin)

Sherbrooke, 4 mai 2019.– Dave Côté remporte le prix Jacque-Brossard 2019 avec la publication d'une quinzaine de nouvelles couvrant les trois genres de l'imaginaire. Le prix, doté d'une bourse de 3 000 $, lui a été remis à l'occasion du 40e congrès Boréal qui avait lieu à Sherbrooke.

Le jury a voulu reconnaître les exceptionnelles qualités littéraires démontrées par le lauréat, autant dans le recueil Nés comme ça publié aux éditions Les Six Brumes que dans les deux textes parus en revue, Ma station de métro (Solaris 206) et Dans un bol (Brins d'éternité 50). Regroupant une douzaine de nouvelles qui représentent environ la moitié de la production nouvellistique de Dave Côté au cours des dix dernières années, Nés comme ça constitue un formidable aperçu de l'étendue de l'imaginaire de l'auteur, un écrivain qui aime prendre des risques et sortir de sa zone de confort.

Ses univers singuliers, ses personnages hors normes, l'absurdité assumée de ses propositions, la densité de son inspiration, tous ces aspects ont à la fois déconcerté et séduit les jurés. En plus d'être divertis, ces derniers ont hautement apprécié que, d'un récit à l'autre, Dave Côté les entraîne en territoire inconnu. Ses intrigues campées dans l'insolite évoluent pourtant avec une implacable logique et respectent une trame psychologique aussi habile que convaincante. Sa remarquable originalité, qui n'a rien de faux ni d'emprunté, se déploie dans un chatoiement de vibrations, de couleurs et de climats.